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Les jumelles

Les jumelles sont au naturaliste, et en particulier à l’ornithologue ou au mammalogiste de terrain, ce que la truelle est au maçon : un outil de base, absolument indispensable. Il est donc extrêmement important de les choisir judicieusement, indépendamment des effets de mode et campagnes de marketing des fabricants.

Mini ou maxi

La première chose à prendre en compte est le « format » que l’on souhaite. Bien sûr, chacun souhaitera avoir le maximum de performances pour le minimum d’encombrement… C’est hélas impossible !

Examinons d’abord le grossissement. (premier des deux chiffres décrivant une paire de jumelles : 8X32 = grossissement 8 fois). La première chose à savoir est que, plus le grossissement est élevé, plus le champ de vision embrassé par les jumelles diminue. A fort grossissement, il devient difficile de suivre un oiseau qui se déplace et, comme les jumelles se tiennent à bout de bras, l’image « danse » sans cesse. Pratiquement, pour le naturaliste de terrain, les grossissements entre 7 fois et 12 fois sont les mieux adaptés, et la plupart des ornithos choisissent 8 ou 10 fois.

Examinons ensuite la luminosité. Elle dépend directement du diamètre de l’objectif des jumelles (le deuxième chiffre : 8X32 = objectif de 32 mm de diamètre). Plus celui-ci est grand, plus les jumelles sont lumineuses. Ainsi, des 8 x 40 sont-elles presque deux fois plus lumineuses que des 8 x 30. La luminosité est évidemment très agréable pour l’observation, mais elle se paye en matière de poids et de volume.

La majorité des ornithologues optent pour des jumelles de 30 à 40 mm de diamètre. Les adeptes de l’observation des mammifères, travaillant souvent à l’aube et au crépuscule, recherchent parfois des instrument plus lumineux, de 50 ou 60 mm de diamètre.

Certains se laissent tenter par la compacité des « mini-jumelles » de type 8x22, 10x25, etc… Si ces modèles sont très pratiques en tant que « seconde paire » que l’on a toujours avec soi où que l’on aille, ils révèlent rapidement leurs limites en matière de luminosité.

Deux leurres à éviter :

  • les jumelles « zoom », c’est-à-dire avec un facteur de grossissement variable. Les performances optiques sont médiocres et le champ de vision est restreint. Ces commentaires ne s’appliquent pas au modèle Duovid de Leica qui offre un grossissement de 8-12 ou de 10-15 x.
  • les jumelles « sans mise au point ». Elles se basent uniquement sur la profondeur de champ, sont de qualité optique médiocre, peu lumineuses et inutilisables à courte distance.

Distance minimale de mis e au point

Vos jumelles vous permettront de mettre l’image au point pour l’observation d’un objet situé entre l’infini et une certaine distance minimale, en-deçà de laquelle l’image sera irrémédiablement floue.

Plus cette distance est faible, mieux c’est, surtout si vous faites de l’herpétologie, de l’entomologie et observez des lézards ou insectes de petite taille mais qui se laissent approcher. Pour l’ornithologie, 10 m est une distance minimale déjà satisfaisante et 5 m est excellent. A très courte distance, même si l’image est nette, elle paraît légèrement dédoublée car la différence d’angle d’observation entre les deux yeux devient sensible.

Porteurs de lunettes et autres …

Les porteurs de lunettes devront veiller que leurs jumelles possèdent des œilletons rabattables, repoussables, reclicables ou revissables. En effet, si la distance entre la pupille et l’oculaire est trop grande, le champ de vue se restreint et l’image apparaît petite, entourée d’un large cercle noir. Pour compenser l’écartement supplémentaire dû aux lunettes, les fabricants de jumelles proposent un système de réglage de la hauteur des oeilletons, mais il faudra vérifier qu’il soit pratique et convienne à vos lunettes.

L’autre aspect essentiel est le réglage de la dioptrie, si vous avez un œil plus faible que l’autre. Les jumelles doivent posséder une molette, située généralement sur l’oculaire droit ou à proximité de la molette de mise au point, qui vous permet de régler la dioptrie et d’obtenir une image claire pour les deux yeux. Il faut vérifier que le réglage de dioptrie soit suffisant pour votre cas, qu’il s’opère facilement et ne se dérègle pas sans cesse.

Etanches ou pas

Vous avez certainement remarqué que certains modèles de jumelles ont « les épaules » plus larges que d’autres

Les premières, d’une architecture plus ancienne, sont appelés « à prismes de Porro ». Elles peuvent être optiquement excellentes, mais la mise au point nécessite un glissement en hauteur des oculaires, ce qui rend impossible l’obtention d’une étanchéité parfaite. Bien graissés, les bons modèles résistent cependant à une pluie « normale ».

Chez les autres, plus modernes et appelées « à prismes en toit », le réglage de mise au point est interne et l’étanchéité totale est donc possible. Les grandes marques proposent des modèles sous pression d’azote qui restent étanches même à l’immersion profonde (plusieurs mètres). En pratique, c’est d’une utilité réduite …

Si vous sortez par tous les temps et emportez toujours vos jumelles avec vous, soyez très attentifs à l’étanchéité… mais sachez qu’elle se monnaye ! Si vous observez les oiseaux du jardin depuis la fenêtre du salon ou vous limitez aux promenades ensoleillées, une bonne paire de jumelles à prismes de Porro sera parfaite.

Qualité optique et robustesse

Le prix d’une paire de jumelles est très variable. Un modèle de base coûtera 100 EUR, alors qu’un modèle de haut de gamme en vaudra plus de 1000. Et cet écart se justifie.

Sur le plan optique, les résultats seront très différents. D’un côté une image terne, floue aux bords, mal définie, une distorsion des couleurs… De l’autre, une image pétillante, lumineuse, précise. Côté robustesse, ce sera aussi marqué. Les premières sont généralement des jumelles « prêtes à jeter », alors que les autres vous accompagneront toujours 20 ans plus tard ou davantage.

En conclusion : n’optez JAMAIS pour du bas de gamme, il vous décevra rapidement et à tous points de vue (surtout quand vous aurez comparé avec les « haut de gamme » de vos compagnons de balade ornitho!). Si votre budget est limité, mieux vaut acheter de bonnes jumelles d’occasion (bien traitées, les jumelles des grandes marques sont inusables) que du second choix.

Essayer des jumelles

Par une belle journée, avec le soleil dans le dos, toutes les jumelles sont bonnes. C’est dans des conditions d’observation difficiles que se marquent les différences. Ne vous laissez pas abuser, vérifiez les performances optiques de l’instrument que vous allez acheter.

Voici deux tests simples qui vous permettront de faire la différence entre des performances optiques faibles, moyennes ou supérieures.

  • Observez à la jumelle un piquet, un poteau téléphonique qui se présente à contre-jour. Si des bandes de couleurs différentes apparaissent aux bords de l’objet, les performances des jumelles sont faibles. Sinon, elles sont moyennes ou supérieures.
  • Observez ensuite une zone totalement ombragée, juste à côté d’une zone bien éclairée. Si l’ombre vous semble n’être qu’un trou noir, vos jumelles sont de performances moyennes. Si vous pouvez distinguer des détails dans l’ombre, l’instrument offre des performances optiques supérieures.

Lors de l’essai, n’oubliez pas de contrôler le rabattement des œilletons si vous portez des lunettes, le réglage de dioptrie, le bon fonctionnement des molettes, etc… Voyez aussi si vous avez l’instrument bien en mains.

Les accessoires

Les jumelles sont généralement accompagnées d’accessoires.

La lanière de cou est évidemment indispensable. Elle doit pouvoir se régler en longueur. Si les jumelles sont pesantes, une lanière élargie offre plus de confort.

Les œilletons en caoutchouc à extension latérale permettent d’éviter l’entrée dans les oculaires de rayons lumineux parasites, par exemple lorsqu’on observe avec un soleil de dos assez bas. Utile, mais pas indispensable, et de toute manière impraticable pour les porteurs de lunettes.

Le sac ou coffre de rangement doit impérativement rester dans la voiture ou le sac à dos. Y transporter ses jumelles quand on est sur te terrain garantit qu’elles ne seront pas prêtes à l’emploi quand on en aura besoin. Deux accessoires de protection ont une certaine utilité et ne sont pas trop encombrants : l’étui de cuir souple et léger, solidaire de la lanière de cou, dans le lequel on peut glisser rapidement les jumelles (et, plus important, les en sortir aussi rapidement) et le capuchon d’oculaires, lui aussi attaché à la lanière, qui vient couvrir l’instrument en cas de pluie.

L’enrobage de caoutchouc est populaire chez les naturalistes car il protège les jumelles contre les petits chocs. N’en attendez cependant pas un miracle si vous les oubliez sur le toit de la voiture… Vous pourrez protéger les angles sensibles de votre instrument avec une bande de mousse néoprène si il n’est pas caoutchouté

Réglez vos jumelles

Pour un usage optimal de vos jumelles, 3 réglages simples sont indispensables.

  • L’écartement des oculaires. La distance entre les yeux varie d’une personne à l’autre, assurez-vous donc que les oculaires soient bien alignés avec vos pupilles. Visant un objet lointain, écartez ou rapprochez les oculaires jusqu’à ce que vous voyiez une image en forme de cercle parfait entouré de noir.
  • Le réglage de dioptrie, pour compenser une différence de vision entre les deux yeux. Visez un objet à distance moyenne, fermez l’œil droit et effectuez un réglage de mise au point parfait pour l’œil gauche. Fermez ensuite l’œil gauche, ouvrez le droit et tournez la molette de réglage de dioptrie pour obtenir une mise au point parfaite pour cet oeil. Ouvrez les deux yeux, vérifiez le réglage et adaptez-le au besoin. La molette de dioptrie est munie d’un repère : mémorisez sa position pour gagner du temps lors d’un réglage ultérieur.
  • La mise au point. Observer avec des jumelles mal mises au point est fatigant pour les yeux. Sur le terrain, l’idéal est de prérégler la mise au point sur une trentaine de mètres, distance « moyenne » qui vous permettra une réaction rapide pour un oiseau qui passe. Si vous observez un objet plus longuement, soignez la mise au point.

En résumé …

Voici in tableau qui vous présente, selon l’usage que vous entendez en faire, les jumelles les mieux adaptées et leurs caractéristiques principales

Les meilleures marques européennes sont (classement alphabétique) :

Leica, Minox, Optolyth, Swarovski, Zeiss. En choisissant parmi elles, vous vous garantissez une robustesse et une qualité optique au sommet. La marque belgo-japonaise Kite Optics est également très réputée.

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